Du 1er juillet au 31 juillet 2020 – puis, du 11 septembre au 24 octobre 2020


Lorsque s’est posée la question de cette possible exposition, ma première pensée a été : le père, ce grand absent de la photographie de famille. J’avais souvenir d’avoir vu, au sein des milliers de photogra­phies archivées à La Conserverie, des ombres portées, des pères un peu à l’écart mais surtout un père derrière son objectif. Un père qui englobe du regard les bouts d’instants de ses proches, de sa famille de son histoire. Celui qui est en dehors, à côté de la scène.Et puis, non, à bien y regarder, il est bien là ce père, il est présent dans notre iconographie familiale. Cependant il me semble quelque peu différent des autres protagonistes. Il prend corps pour cette image, il paraît extrait du cours des choses pour l’instant photographié, comme s’il portait sur ses épaules le devoir d’incarner la figure paternelle en son entier. Il est figure, il est sujet, il est en situation de père. Il est ce que l’on attend de lui, ce que l’on projette : celui qui tient, qui porte, fait face : il pose.Par sa présence au milieu d’enfants, la structure familiale devient triangle, solide, droite. De ses bras, de ses mains; il fait cercle, il fait lien. Il est avec, il crée l’ensemble. De son statut il sait aussi glisser en vacances. Alors il s’agenouille, se couche, joue, n’est pas sérieux. Et là encore : Il tient des bras, des jambes, des bouts de pieds . Il tient, il est en dessous, il est autour avec ses grands bras qui enserrent, ses mains données. Dans ces photographies issues des albums des uns et des autres, le père n’est pas ordinaire quotidien. Il est regardé, magnifié, valorisé.Le père est beau, ample. Je ne peux m’empêcher de me souvenir que devant celui-ci, il y a certainement le regard de l’épouse, de la mère photographe. De la femme et de ses projections. Et ici, de mes projections.
Anne Delrez

Une production de la galerie de L’Imagerie