Du 8 décembre 2012 au 12 janvier 2013 


Il y a quelques années, lors des débats sur le PACS à l’Assemblée nationale, Madame Christine Boutin s’insurge. Dans l’hémicycle, elle se lève et dénonce cette loi tout en brandissant un livre que beaucoup prendront pour la bible. Le PACS est selon elle un moyen détourné pour arriver au mariage, puis à terme à l’adoption, pour les couples gays. L’actualité lui donne raison. Avec l’élection de François Hollande (qui avait annoncé lors de sa campagne, sa volonté de légaliser l’accès au mariage pour les couples gays) au poste de président de la république, c’est la forme biblique de la famille qui est remise en question.  Le débat actuel sur la condition gay rappelle le rôle joué par les religions dans la création des normes sociétaires. Constantin 1er, par une habile conversion au christianisme, a su rallier à sa cause un peuple jusqu’alors rejeté et persécuté. Grâce à cette stratégie, il a pu conquérir Rome (en 306 après JC) et en faire le premier pays chrétien. La mise en place de la nouvelle religion d’état se fit dans le sang et la destruction des temples voués aux anciens dieux. La morale chrétienne fut imposée et toute forme de « libertinage » réprimandée. Le mariage de raison entre politique et religion semble avoir fait son temps en Occident. Cependant il a profondément marqué les sociétés. Les moeurs ont été dictées par la religion et assimilées des siècles durant par les peuples. Le formatage des esprits est si profond que la morale laïque se confond avec les dogmes chrétiens. La Révolution française n’y changera rien. Les libertés individuelles et l’envie de former un monde laïque se heurtent au conservatisme inconscient de la foule. Les débats passionnés actuels prouvent la difficulté de sortir totalement de la tradition millénaire chrétienne, même dans un pays pourtant souvent qualifié de post-chrétien.

© Loic Loutz
Exposition collective Cette famille. Une proposition de Sandrine Creusot.