27 février au 09 mars 2013


Quand je regarde derrière moi je ne reconnais pas cet être si différent qui pourtant possède les mêmes traits de visage que moi, un regard identique, une peau toujours aussi pâle.  A travers le temps, chaque être humain passe par des états : celui de l’enfant et celui de l’âge adulte. Ils se font face sans ne jamais se rencontrer, même si l’un se sert de l’autre pour avancer, saisir un peu plus le monde dans lequel il évolue. Comme deux étrangers, ils communiquent mais la distance est trop grande pour qu’ils ne puissent un jour se croiser.  A présent je me vois mais je ne reconnais pas les autres. Je suis toujours là. Je suis toujours là mais les autres ne sont plus à côté de moi. Alors je les regarde, puis je les efface ; les présumés absents. A l’aide de fil, de colle ou d’une parole, le geste introduit le dialogue entre une histoire et une temporalité qui ne nous fait plus reculer. Simplement regarder en arrière afin de nous faire comprendre ce que la vie représente. Avec lenteur, le travail de l’expérience montre la réparation, la déchirure et l’effacement qui trouvent une façon d’être grâce à la matière qui les habite.  Alors même si le froid est là et la neige déjà prête à effacer nos pas, la mémoire valse un peu plus chaque jour avec les souvenirs et se joue de moi. Pour contrecarrer la perte, j’assemble un élément et son double afin de créer un ensemble. Si chacun de nous est seul, lorsqu’il se sent entouré, il a moins peur. Il se sent plus fort. Comme une ombre, cette réalité qui est la notre prend forme [d]ans mes yeux.

© Julie Noël